Franck Bergerot – Jazz Magazine (n°709, p.75)
Nouveauté. Une belle tessiture qu’elle explore tout en souplesse, une diction de diseuse et un placement libre et sûr, Cecil L. Recchia sait en outre se distinguer de ses nombreuses concurrentes par la nature de ses projets. Après avoir exploré la musique d’Ahmad Jamal (« Songs Of The Tree, 2015), elle aborde le répertoire néo-orléanais avec la décontraction qui convient : Jungle Blues de Jelly Roll Morton et Egyptian Fantasy de Sidney Bechet qu’elle met elle-même en paroles, Second Line et Bourbon Street Parade de Paul Barbarin (sur un groove qui rappelle la dette due à ce dernier par Vernell Fournier dans Poinciana qu’elle chantait sur son précédent disque) ; Big Butter and Egg Man de Louis Armstrong qu’elle s’approprie sans s’assujettir au vocal original (il est vrai très daté), un poème de Bukowski, Young In New Orleans, récité sur un tambourinage de toms. Elle rajeunit tant Saint James Infirmary que Sleepy Time Down South, s’aventure sur le répertoire des Black Indians sans trébucher… Il faut dire que sa rythmique lui couche l’herbe sous les pieds et que Malo Mazurié la précède d’une trompette qui fait taire les réticences.