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CECIL L. RECCHIA : « Songs of the tree : a tribute to Ahmad Jamal »

Dans la pile des disques que nous recevons régulièrement il y a parfois des petites découvertes qui illuminent votre journée. Merci au passage à Anne-Marie G. , une amie qui se reconnaîtra et qui m’a dit l’autre jour « tu as dû recevoir l’album de Cecil L. Recchia. Je ne te dis rien mais je pense que tu devrais l’écouter ». Donc moi, derechef, aussitôt rentré à la maison je sors l’album de la chanteuse que j’avais effectivement reçu et là, première surprise en voyant que Cecil L. Recchia a choisi un angle assez original et finalement assez peu chanté: le répertoire du pianiste Ahmad Jamal. Le projet est assez intéressant pour mettre la jolie puce à l’oreille et l’album dans la platine. D’emblée on est pris par cette voix chaude, suave et sensuelle en diable de la chanteuse qui n’hésite pas au passage à ajouter courageusement (et intelligemment) des paroles sur la musique du pianiste.
Du pianiste, elle a appris à jouer avec les points de suspension ou à ménager des espaces comme sur cette belle et envoûtante version de You’re Blasé ( de l’album éponyme du pianiste de Pittsburg) qui ne trahit pas la version de Jamal. Comme ces marins de la Volga (Volga boatmen) dont Recchia restitue la dynamique et sur lequel elle a eu le cran d’ajouter ses propres paroles. On pardonnera à la chanteuse un Autumn leaves pas très réussi pour s’attacher à la superbe interprétation au groove subtil du tube interplanétaire du pianiste, Poinciana où là la vibration Jamal est présente au coeur des textes et de la voix.
La chanteuse pour raconter cette histoire d’amour avec son idole s’entoure d’un vrai groupe cohérent dans la façon de porter le swing à son maximum d’élégance et de savoir vivre. Au piano Vincent Bourgeyx ( que l’on adore aux DNJ !) ne cherche pas à marcher à marcher sur le clavier du maître et illumine les propos de la chanteuse tout en lançant quelques clins d’œil au maître de Pittsburg. Transformé en percussionniste fin et au drive léger, David Grebil exhale l’âme de la dynamique « jamalienne ». Quant à Manuel Marches, il garde la baraque et ancre le groove dans une présence métronomique. Ecouter The Breeze and I ou encore Minor Moods pour appréhender cet exercice subtil d’équilibriste entre les 4 membres du quartet et l’intelligence des arrangements au cœur de l’essence jamalienne.
Franchement une vraie réussite sur laquelle, sans vous commander, vous devriez vous ruer soit en écoutant l’album soit en allant l’écouter la chanteuse. Car je suis certain que les programmateurs ne tarderont pas à lui donner le temps de jeu que ce projet mérite.
Allez-y, si vous aimez Ahmad Jamal, vous ne serez ni perdus , ni insensibles.
Jean-Marc Gelin